LUTTE CONTRE LA TORDEUSE DES BOURGEONS DE L’ÉPINETTE

10 M$ pour les forêts privées

Rénald Bernier, président de RESAM et Pierre-Maurice Gagnon, président de la FPFQ tous deux présents lors de l’annonce, sont heureux de leurs efforts communs pour solliciter l’aide de l’État. Le gouvernement du Québec investira pour aider les producteurs de la forêt privée à combattre la tordeuse.

Rénald Bernier, président de RESAM et Pierre-Maurice Gagnon, président de la FPFQ tous deux présents lors de l’annonce, sont heureux de leurs efforts communs pour solliciter l’aide de l’État. Le gouvernement du Québec investira pour aider les producteurs de la forêt privée à combattre la tordeuse.

Photo: Guy Lavoie

12 Mai. 2017

Le Gouvernement du Québec a annoncé un investissement de 10 M$ pour lutter contre la tordeuse des bourgeons de l’épinette (TBE) dans les petites forêts privées. Le programme de pulvérisation aérienne s’échelonnera sur quatre ans. C’est la Société de protection des forêts contre les insectes et les maladies (SOPFIM) qui en aura la gestion.

Marie-Claude Boileau

La mise en place de ce programme est le résultat d’une entente convenue entre le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), la Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ) et le Regroupement des sociétés d’aménagement forestier du Québec (RESAM).

Par ces investissements, le gouvernement du Québec souhaite protéger le travail réalisé depuis 20 ans dans les petites forêts privées, soit des superficies de moins de 800 hectares d’un seul tenant. Rappelons que les arrosages d’insecticides n’étaient effectués que dans la forêt publique et les grandes surfaces de forêts privées.

Le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs s’est réjoui d’avoir conclu cette entente. «Le bois provenant de la forêt privée est crucial pour assurer l’essor de l’industrie forestière québécoise. En plus de fournir des approvisionnements supplémentaires et de grande qualité, ce bois se trouve souvent près des axes routiers et à proximité des usines. Les producteurs forestiers ont sollicité notre aide pour se prémunir contre les effets néfastes de la TBE. Je suis fier que nous unissions nos forces dans la gestion de l’épidémie afin de donner à la forêt privée les moyens de continuer à participer à l’économie de l’ensemble de nos régions», indique LUC BLANCHETTE qui en a fait l’annonce le 3 avril à Saint- Pascal de Kamouraska.

JEAN D’AMOUR, ministre responsable de la région du Bas-Saint-Laurent, estime qu’il s’agit d’une bonne nouvelle. «Ici, la forêt est abondante et les volumes de bois provenant de nos producteurs forestiers sont plus que nécessaires au maintien de notre filière forestière régionale. Il est vital de protéger non seulement les petites forêts privées du Bas-Saint-Laurent, mais aussi la structure industrielle de la région qui dépend du secteur forestier», dit-il.

Même son de cloche de la part de NORBERT MORIN, député de la circonscription de Côte-du-Sud. «Notre région est caractérisée par l’importance que prend la forêt privée. Il est vital de protéger non seulement les petites forêts privées du Québec, mais également notre structure industrielle régionale et sa capacité de transformation des volumes de bois mis en marché. Je confirme que le gouvernement vous a écouté et a répondu présent», souligne-t-il.

De son côté, PIERRE-MAURICE GAGNON, président de la FPFQ, salue l’investissement fait par le gouvernement. «On compte actuellement 14 000 propriétaires forestiers de l’Abitibi-Témiscamingue, du Bas-Saint-Laurent, de la Côte-Nord, de la Gaspésie et du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui subissent les conséquences de cet insecte défoliateur. D’autres régions seront bientôt touchées, car l’épidémie est en progression. L’ampleur de cette catastrophe naturelle nécessitera l’implication de tous les acteurs du secteur forestier québécois et aujourd’hui, le gouvernement du Québec répond présent», mentionne M. Gagnon.

Si globalement, on est satisfait de l’entente, la FPFQ croit que la prochaine étape sera d’investir dans le reboisement. «Il demeurera cependant à trouver les sommes pour réaliser le grand effort de reboisement qui est devant nous», ajoute le président.

MARC BEAUDOIN, directeur général de RESAM, affirme que l’implication du gouvernement est une très bonne nouvelle. «Pour une des premières fois, le gouvernement s’implique dans la lutte de la TBE en forêt privée», lance-t-il. Maintenant que l’arrosage en forêt privée est un dossier réglé, il abonde dans le même sens que la FPFQ. «Il va falloir s’attaquer à la remise en production. Ça va demander des investissements massifs pour remettre en action des zones qui auront été affectées, puis récoltées. Car il faudra préparer les terrains, reboiser, etc.», souligne-t-il.

ÉTAPES

Ce programme d’arrosage s’échelonnera sur quatre ans, soit jusqu’à la fin de 2021. C’est la SOPFIM qui en assurera la gestion. Ainsi, la première année sera consacrée à la préparation du programme de lutte et aux évaluations aérienne et terrestre des dommages afin de bien cibler les efforts. L’arrosage débutera en 2018.

Selon le MFFP, l’objectif du programme est de protéger les investissements passés en forêt privée (plantations et éclaircies) et à développer une expertise en protection des petites forêts privées (projets pilotes) où la planification et la préparation des interventions sont beaucoup plus complexes qu’en forêt publique.

Le MFFP explique que l’année de préparation est essentielle, car la tâche est longue. Il est nécessaire de faire une évaluation aérienne des dommages causés par la tordeuse des bourgeons de l’épinette et une estimation des populations anticipées pour l’année d’arrosage. «L’évaluation aérienne des dommages est réalisée annuellement par le MFFP du milieu juin au milieu août, soit à la fin de la saison de vol de la TBE.

Les zones moyennement et fortement défoliées sont ciblées pour arrosages probables l’année suivante. L’estimation des populations anticipées est réalisée par récolte de branches à partir de septembre par le MFFP et la SOPFIM. Le MFFP échantillonne à l’échelle de la province pour suivre la progression de l’épidémie. La SOPFIM échantillonne plus intensivement dans les zones probables d’arrosage afin d’établir une prescription d’arrosage (par exemple, devrons-nous arroser une fois ou deux?) pour chaque zone. Les actions du MFFP et de la SOPFIM sont coordonnées afin de ne pas échantillonner deux fois dans la même zone», explique-t-on.

Par ailleurs, l’année 2017 sera dédiée à des préparatifs administratifs. Par exemple, des démarches doivent être faites auprès de chaque propriétaire visé pour obtenir un consentement aux arrosages. Cette activité sera sous la responsabilité des Agences régionales. D’autres préparatifs administratifs visant la coordination entre les Agences régionales et les divers intervenants de la petite forêt privée auront aussi lieu.