Des Québécois en Franche-Comté
Des sapins de plus de 80cm de diamètre
Marc Champagne, technicien forestier de la Coopérative de propriétaires Terra-Bois a participé à cette mission et représentait fièrement la forêt privée laurentidienne.
Photo: courtoisie
9 Déc. 2014
Des sapins de plus de 80cm de diamètre, bien sains, qui poussent d’un cm par année pour former des peuplements de 350 m3/ha; ça vous fait saliver?
Marc Champagne
C’est notamment ce qu’a pu constater une délégation de Signature Bois Laurentides (SBL) qui s’est envolée le 31 octobre dernier pour visiter l’Association Régionale pour le Développement de la Forêt et des Industries du bois (l’ADIB), une organisation analogue de la Franche-Comté en France.
Le groupe de 13 participants, composé de spécialistes de plusieurs domaines de la filière bois et économique des Laurentides, a pris part à plusieurs visites de scieries et boisés aménagés en Franche-Comté, avec comme objectif de mieux comprendre la filière bois française et de saisir les différentes opportunités offertes par ce maillage. Cette proximité a aussi permis de tisser des liens entre les participants et membres de SBL.
MARC CHAMPAGNE, technicien forestier de la Coopérative de propriétaires Terra-Bois a participé à cette mission et représentait fièrement la forêt privée laurentidienne. Des journées bien remplies, organisées au quart de tour par CHRISTIAN DUBOIS de l’ADIB, attendaient le groupe.
La première journée a été consacrée aux résineux avec une visite de chantiers d’abattage manuel et mécanisé dans une forêt composée d’épicéa et du fameux sapin du Jura. Ces derniers, la fierté des hauts plateaux de la Franche-Comté, font d’ailleurs l’objet d’une demande d’appellation d’origine contrôlée; la première pour un produit non alimentaire.
Par la suite, la visite d’une scierie a permis d’observer l’utilisation de ces bois. Malgré plusieurs similitudes sylvicoles et pay- sagères, plusieurs différences étaient constatées dès le premier jour. Toutes ces forêts de résineux sont récoltées sous un régime appelé – futaie irrégulière – que l’on pourrait comparer ici avec la récolte de jardinage de régime inéquien. Un climat favorable, un sol calcaire riche et un historique sylvicole plus ancien permettent une croissance phénoménale en comparaison des forêts des Laurentides.
La valeur du bois est globalement plus élevée et la variété des produits réalisés par les scieries est plus diversifiée, utilisant la bille de façon plus optimale et procurant une valeur accrue. Enfin, les us et coutumes du pays font en sorte que les bois abattus sont mesurés et classés par les travailleurs et non par les scieries. Imaginez la petite révolution au Québec!
D’autres visites ont été consacrées à la production des feuillus, localisés dans les basses terres de la région. Là encore, des différences s’imposaient. Les coûts d’énergie globalement élevés en Europe et les préoccupations écologiques agréent un marché important pour le bois d’énergie. Le bois est de loin le premier mode de chauffage en Franche-Comté, utilisé en granules, en biomasse ou en cogénération. Toute cette activité autour du bois d’énergie permet la rentabilité des éclaircies intermédiaires (10 à 16 cm), alors qu’ici, ces jeunes arbres ne sont que très peu valorisés. La visite d’une scierie de chêne a aussi permis de visualiser la technique de sciage à plot, une technique peu utilisée au Québec. Là aussi, tout est mis en œuvre pour l’utilisation optimale de la bille.
Du côté coopératif, j’ai pu tisser des liens avec M. ALAIN JACQUET, dg. de la Coopérative Forêts et Bois de l’Est. Forte de ses 6 000 membres, elle met en marché environ 380 000 m3/an et gère une superficie d’environ 74 000 ha. À cet égard, une autre différence notable dans l’organisation des boisés privés; il n’y a pas d’organisme de mise en marché. Les producteurs ou leurs Coopératives (les groupements forestiers) mettent eux-mêmes leur bois en marché.
La Franche-Comté, située à l’est, près de la Suisse, est la troisième région forestière de la France avec ses 700 000 ha boisés. 45% de cette superficie est privée. Les fortes tempêtes de 1999 ayant abattu près 1 000 000 m3 de bois ont modulé la récolte. Malgré certains reculs depuis la crise économique, la récolte progresse à nouveau depuis 2010. La filière bois compte près de 3 200 entreprises et 10 100 salariés. L’accroissement de près de 10m3/ha/an permet des récoltes partielles à tous les 6 ans !
La Coopérative Terra-Bois est un groupement forestier regroupant près de 600 membres propriétaires de boisés œuvrant en forêt privée des Laurentides, de Lanaudière et de l’Outaouais.
Constitué en tant que créneau d’excellence dans le cadre de la démarche ACCORD du ministère de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations (MEIE) Signature Bois Laurentides (SBL) est un organisme à but non lucratif qui regroupe les entreprises de la sylviculture, de la 1re, 2e et 3e transformations du bois. SBL mise sur l’orientation client et sur l’excellence de toutes les activités durables qui créent de la valeur à chacune des étapes.
Pour conclure, nos cousins français font mieux à certains égards et, dans d’autres domaines, l’expertise québécoise fait figure de proue. Je pourrais vous entretenir encore longtemps sur les rapports de mes visites. Cependant, je dois mentionner une différence importante du mode d’affaires. Alors qu’au Québec, tout est fait pour en faire plus et plus vite pour réduire les coûts, en Franche-Comté, pays de la Coopération, tout semble mis en place pour faire mieux afin d’accroître les revenus. Toutefois, il y a bel et bien un domaine où les Français sont indéniablement en avance, et ici, je ne voudrais pas offenser les producteurs québécois, et c’est le vin!
Des sapins de plus de 80cm de diamètre

Marc Champagne, technicien forestier de la Coopérative de propriétaires Terra-Bois a participé à cette mission et représentait fièrement la forêt privée laurentidienne.
Photo: courtoisie
Des sapins de plus de 80cm de diamètre, bien sains, qui poussent d’un cm par année pour former des peuplements de 350 m3/ha; ça vous fait saliver?
Marc ChampagneC’est notamment ce qu’a pu constater une délégation de Signature Bois Laurentides (SBL) qui s’est envolée le 31 octobre dernier pour visiter l’Association Régionale pour le Développement de la Forêt et des Industries du bois (l’ADIB), une organisation analogue de la Franche-Comté en France.
Le groupe de 13 participants, composé de spécialistes de plusieurs domaines de la filière bois et économique des Laurentides, a pris part à plusieurs visites de scieries et boisés aménagés en Franche-Comté, avec comme objectif de mieux comprendre la filière bois française et de saisir les différentes opportunités offertes par ce maillage. Cette proximité a aussi permis de tisser des liens entre les participants et membres de SBL.
MARC CHAMPAGNE, technicien forestier de la Coopérative de propriétaires Terra-Bois a participé à cette mission et représentait fièrement la forêt privée laurentidienne. Des journées bien remplies, organisées au quart de tour par CHRISTIAN DUBOIS de l’ADIB, attendaient le groupe.
La première journée a été consacrée aux résineux avec une visite de chantiers d’abattage manuel et mécanisé dans une forêt composée d’épicéa et du fameux sapin du Jura. Ces derniers, la fierté des hauts plateaux de la Franche-Comté, font d’ailleurs l’objet d’une demande d’appellation d’origine contrôlée; la première pour un produit non alimentaire.
Par la suite, la visite d’une scierie a permis d’observer l’utilisation de ces bois. Malgré plusieurs similitudes sylvicoles et pay- sagères, plusieurs différences étaient constatées dès le premier jour. Toutes ces forêts de résineux sont récoltées sous un régime appelé – futaie irrégulière – que l’on pourrait comparer ici avec la récolte de jardinage de régime inéquien. Un climat favorable, un sol calcaire riche et un historique sylvicole plus ancien permettent une croissance phénoménale en comparaison des forêts des Laurentides.
La valeur du bois est globalement plus élevée et la variété des produits réalisés par les scieries est plus diversifiée, utilisant la bille de façon plus optimale et procurant une valeur accrue. Enfin, les us et coutumes du pays font en sorte que les bois abattus sont mesurés et classés par les travailleurs et non par les scieries. Imaginez la petite révolution au Québec!
D’autres visites ont été consacrées à la production des feuillus, localisés dans les basses terres de la région. Là encore, des différences s’imposaient. Les coûts d’énergie globalement élevés en Europe et les préoccupations écologiques agréent un marché important pour le bois d’énergie. Le bois est de loin le premier mode de chauffage en Franche-Comté, utilisé en granules, en biomasse ou en cogénération. Toute cette activité autour du bois d’énergie permet la rentabilité des éclaircies intermédiaires (10 à 16 cm), alors qu’ici, ces jeunes arbres ne sont que très peu valorisés. La visite d’une scierie de chêne a aussi permis de visualiser la technique de sciage à plot, une technique peu utilisée au Québec. Là aussi, tout est mis en œuvre pour l’utilisation optimale de la bille.
Du côté coopératif, j’ai pu tisser des liens avec M. ALAIN JACQUET, dg. de la Coopérative Forêts et Bois de l’Est. Forte de ses 6 000 membres, elle met en marché environ 380 000 m3/an et gère une superficie d’environ 74 000 ha. À cet égard, une autre différence notable dans l’organisation des boisés privés; il n’y a pas d’organisme de mise en marché. Les producteurs ou leurs Coopératives (les groupements forestiers) mettent eux-mêmes leur bois en marché.
La Franche-Comté, située à l’est, près de la Suisse, est la troisième région forestière de la France avec ses 700 000 ha boisés. 45% de cette superficie est privée. Les fortes tempêtes de 1999 ayant abattu près 1 000 000 m3 de bois ont modulé la récolte. Malgré certains reculs depuis la crise économique, la récolte progresse à nouveau depuis 2010. La filière bois compte près de 3 200 entreprises et 10 100 salariés. L’accroissement de près de 10m3/ha/an permet des récoltes partielles à tous les 6 ans !
La Coopérative Terra-Bois est un groupement forestier regroupant près de 600 membres propriétaires de boisés œuvrant en forêt privée des Laurentides, de Lanaudière et de l’Outaouais.
Constitué en tant que créneau d’excellence dans le cadre de la démarche ACCORD du ministère de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations (MEIE) Signature Bois Laurentides (SBL) est un organisme à but non lucratif qui regroupe les entreprises de la sylviculture, de la 1re, 2e et 3e transformations du bois. SBL mise sur l’orientation client et sur l’excellence de toutes les activités durables qui créent de la valeur à chacune des étapes.
Pour conclure, nos cousins français font mieux à certains égards et, dans d’autres domaines, l’expertise québécoise fait figure de proue. Je pourrais vous entretenir encore longtemps sur les rapports de mes visites. Cependant, je dois mentionner une différence importante du mode d’affaires. Alors qu’au Québec, tout est fait pour en faire plus et plus vite pour réduire les coûts, en Franche-Comté, pays de la Coopération, tout semble mis en place pour faire mieux afin d’accroître les revenus. Toutefois, il y a bel et bien un domaine où les Français sont indéniablement en avance, et ici, je ne voudrais pas offenser les producteurs québécois, et c’est le vin!