Forêt Privée: hausse de la mise en marché du bois en 2016

La Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ) a dressé un bilan positif de la mise en marché du bois en 2016. Près de six millions de mètres cubes solides de bois ont été récoltés dans les forêts privées du Québec ce qui représente une valeur de 354 M$.

La Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ) a dressé un bilan positif de la mise en marché du bois en 2016. Près de six millions de mètres cubes solides de bois ont été récoltés dans les forêts privées du Québec ce qui représente une valeur de 354 M$.

Photo: Guy Lavoie

12 Mai. 2017

La Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ) a dressé un bilan positif de la mise en marché du bois en 2016. Près de six millions de mètres cubes solides de bois ont été récoltés dans les forêts privées du Québec ce qui représente une valeur de 354 M$.

Marie-Claude Boileau

Selon la FPFQ, il s’agit d’une septième année de hausse consécutive pour les producteurs forestiers. «Le volume de bois vendu indique un retour à la normale pour une première fois depuis la crise qui a frappé le secteur forestier», souligne PIERRE-MAURICE GAGNON, président de la FPFQ.

STATISTIQUES

Ainsi, le volume de vente a augmenté de 16% par rapport à l’année 2015. Ces volumes représentent environ 17% des approvisionnements des usines de transformation du bois du territoire. D’après les statistiques de l’organisation, 72% des livraisons de bois en provenance de la forêt privée ont trouvé preneur dans les usines de sciage, 18% aux usines de pâtes et papiers et 10% aux usines de panneaux et autres utilisations.

La FPFQ a également dévoilé que 70% des bois mis en marché provenaient d’essences résineuses alors que les feuillus représentaient 30% du volume des livraisons. La mise en marché des résineux a connu une croissance de 16% en 2016 tandis que la hausse pour les feuillus est de 15%. On mentionne toutefois que ces volumes ne tiennent pas compte de la récolte de bois de chauffage estimée à 1,8 Mm3.

En 2016, la valeur du bois mis en marché est évaluée à 354 M$ comparativement à 306 M$ en 2015. Enfin, le revenu total des producteurs, c’està- dire la valeur des bois livrés à l’usine moins la somme consacrée aux transports et aux contributions aux plans conjoints, est de 270 M$ alors qu’il était de 231 M$ en 2015.

APPELS DU MFFP ET DES INDUSTRIELS

Rappelons que le 15 juin 2016, le ministre des Forêts de l’époque, LAURENT LESSARD, avait annoncé un investissement supplémentaire de 6 M$ pour augmenter la livraison de bois de la forêt privée. Si l’objectif de l’année a été atteint, il ne s’agit pas, selon la FPFQ, d’une réponse directe à cette demande du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). «Oui, on a répondu à l’appel du ministère, mais on a surtout répondu à l’appel des industriels qui demandaient davantage de bois. La demande sur les marchés était plus élevée en 2016. S’il n’y avait eu que l’appel du ministère dans un contexte où la demande sur les marchés diminue, ça aurait été beaucoup plus difficile d’atteindre ces cibles-là. En fait, c’est la combinaison de deux choses : un élan politique et une demande sur les marchés», explique MARC-ANDRÉ CÔTÉ, directeur général de la FPFQ.

Si les chiffres sont réjouissants, la mise en marché pourrait toutefois être freinée en raison de plusieurs incertitudes qui planent dans le secteur. Le conflit sur le bois d’oeuvre aux États-Unis, l’insuffisance de budgets d’aménagement forestier comparativement aux besoins, la concurrence des forêts publiques, l’épidémie de la tordeuse des bourgeons de l’épinette, le manque d’usines de transformation du bois pour certaines catégories de produits ainsi que les règlements municipaux pourraient compromettre une nouvelle hausse.

Le directeur général de la FPFQ explique qu’il y a deux scénarios sur la table. Dans le premier, qu’il qualifie d’optimiste, la forêt privée est exemptée d’une taxe dans le cadre du conflit sur le bois d’oeuvre, l’usine de Norbord à Chambord rouvre et de nouveaux investissements industriels sont faits pour l’utilisation de petits bois résineux.

À l’opposé, s’il n’y a pas de distinction entre le bois de la forêt publique et celui de la forêt privée dans le futur accord sur le bois d’oeuvre, si les taxes sont très élevées et si l’on ne trouve pas de débouchés du bois qui sont sans preneur actuellement, une hausse est difficilement envisageable. Évidemment, le scénario optimiste est celui qu’on privilégie. Les discussions sont d’ailleurs toujours en cours sur tous les points mentionnés.

Chez RESAM, l’organisation s’était engagée l’an dernier à convaincre ses membres de récolter davantage de bois, mais le MFFP devait en contrepartie revoir les taux de la grille. «L’an passé, nous avons travaillé avec une grille transitoire avec la promesse que le ministère reverrait les taux sur une base réelle ce qui n’a pas encore été fait. S’il n’y a pas le dépôt d’une grille qui tient compte des coûts réels, on ne pourra pas s’engager à ce que ce soit la même chose pour l’année à venir», avertit le président de RESAM, RÉNALD BERNIER. Dans ce cas-ci aussi, les discussions se poursuivent et l’on garde bon espoir de trouver une entente satisfaisante.

Du coté du MFFP, on est satisfait de la production de 6 Mm3. «Il s’agit d’une mise en marché remarquable, considérant qu’un tel niveau de production n’avait pas été atteint depuis 2005. Le MFFP est d’autant plus satisfait que cette production démontre un réel engagement des producteurs forestiers dans la production de bois et dans l’approvisionnement des usines de transformation des bois», commente SIMON VÉZEAU, chef du Service de la conservation et de la forêt privée au MFFP.

Celui-ci salue le fait que les principaux intervenants de la forêt privée ne se soient pas contentés de livrer plus avec les budgets supplémentaires de 6 M$ au Programme d’aide à la mise en valeur des forêts privées pour 2016-2017. «Le MFFP tient à souligner l’effort des intervenants de la forêt privée à améliorer l’environnement d’affaires en forêt privée, et ce, en partenariat. Le Plan d’action national sur la mobilisation des bois en forêt privée 2016-2019 a été adopté et plusieurs actions sont en cours. Par exemple, plusieurs projets de formation ont été réalisés en 2016 (marketing, fiscalité, sylviculture, opérateurs de machinerie, etc.)», dit-il.

Le MFFP voit d’un bon oeil l’engagement et l’intérêt des partenaires de la forêt privée dans la récolte de bois puisque la production est un élément important dans l’économie québécoise, notamment en région. Le ministère a fixé une cible de 6,4 Mm3 pour l’année 2017. «Nous sommes en confiance que les producteurs forestiers seront au rendez-vous pour atteindre cet objectif», conclut M. Vézeau.