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100 ans!  Et ça doit continuer…

L’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec (OIFQ) souligne en cette année 2021 ses 100 ans de constitution. Plusieurs activités ont eu lieu depuis le début de l’année dont le congrès du centenaire qui s’est déroulé les 3, 4 et 5 novembre dernier. Cette occasion a permis aux participants de porter un regard sur le passé, d’échanger sur leur rôle présent en tant que professionnels de la forêt et de se projeter vers le futur et la possible évolution de la pratique professionnelle. Cette pratique professionnelle s’opère dans un contexte où les attentes envers la forêt se font de plus en plus nombreuses et diversifiées, que ce soit pour la lutte aux changements climatiques, pour la protection de la biodiversité, la pratique d’activités récréatives de toutes natures et l’intégration ou le respect des activités ancestrales autochtones.

Si ce contexte est appelé à moduler ou faire évoluer les pratiques des ingénieurs forestiers, il va de soi que cette évolution a également des répercussions sur le modèle d’affaires ou les façons de faire de tous les intervenants forestiers, dont les coopératives forestières.  Tout au long du congrès de l’OIFQ, de multiples interventions ont laissé poindre divers constats sur les limites actuelles de l’exercice de la pratique professionnelle. La non-connaissance fine du territoire et de son utilisation ainsi qu’une faible latitude professionnelle liée à une imputabilité non assumée sont ressorties de façon assez claire comme étant des limites importantes. La connaissance fine du territoire ne serait plus la norme aujourd’hui en raison des divers changements de responsabilité survenus au gré de l’évolution des régimes forestiers qui se sont succédés. La latitude professionnelle tant qu’à elle semble désormais faire place à l’application de la recette théorique. Ce constat serait principalement observé dans la gestion des forêts publiques.

Lorsque le constat est fait, comment faire changer les choses? Peut-on réellement faire changer les choses? Comment les ingénieurs forestiers, qui décident de s’implanter dans les diverses régions du Québec, peuvent-ils pleinement s’épanouir professionnellement au sein des coopératives forestières? Actuellement, il n’est pas facile de répondre à ces questions. Il est également difficile de ne pas imputer la responsabilité des limites à l’exercice de la pratique professionnelle sur le régime forestier adopté en 2013. Eh oui, on ne peut passer outre le régime. Il faudrait le modifier, le remodeler, mais il ne semble pas y avoir d’ouverture pour le moment à une telle modification de la Loi.

La gestion de la forêt publique québécoise est-elle vouée à l’aménagement exclusif par le MFFP?  Plus les actes professionnels des ingénieurs forestiers à l’emploi des entreprises forestières deviennent limitatifs en termes de portée, moins ces emplois deviennent attractifs. Combiné au contexte de disponibilité de la main-d’œuvre actuelle, les entreprises de notre industrie auront de la difficulté à recruter ces professionnels de la forêt. Nous deviendrons donc des entreprises de placement de personnel, des exécutants. Certains pourront me dire que nous sommes déjà dans ce contexte. Est-ce mal? Cela dépend des perspectives. Si nous considérons que nos entreprises sont solidement implantées dans les diverses régions du Québec, que nous sommes les mieux placés pour connaître les contraintes opérationnelles et le territoire, eh bien, je pense que le système a plus à perdre qu’à gagner en limitant la latitude professionnelle des ingénieurs forestiers à l’emploi de nos organisations.

Au cours des 100 dernières années, une grande quantité d’ingénieurs forestiers ont exercé des actes professionnels qui leur sont réservées. Les régimes forestiers qui se sont succédés ont précisé et/ou orienté certains de ces actes. Cependant, dans le régime actuel, la latitude professionnelle permise sur le territoire forestier public n’utilise pas tout le potentiel des ingénieurs forestiers de nos organisations. Elle pourrait certainement être plus grande, sans toutefois constituer une carte blanche qui permet aux professionnels de faire n’importe quoi. De toute façon, l’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec, qui a pour principale fonction d’assurer la protection du public en matière d’expertise professionnelle dans le secteur forestier, est là pour s’en assurer.

Il reste à espérer que les 100 prochaines années de cet ordre professionnel permettront d’y retrouver des ingénieurs forestiers pleinement épanouis professionnellement et qu’ils proviendront, en partie du moins, des coopératives forestières.
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