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De la parole aux actes

Nous sommes actuellement dans une période particulière et ma foi, stressante.  En effet, c’est à ce moment de l’année que le gouvernement du Québec prépare son budget. C’est l’occasion pour tous les citoyens de faire part de leurs enjeux et besoins pour la prochaine année.

Pour la forêt privée, la situation est un peu plus corsée cette année. Outre les demandes budgétaires à combler, le gouvernement doit aussi renouveler les paramètres du programme d’aide à la mise en valeur de la forêt privée. Ce programme vient à échéance en mars prochain.  Ce sont ces balises qui indiquent comment l’argent investi en forêt privée sera utilisé, par qui etc. C’est un morceau très important qui fournit le réceptacle aux investissements de l’État.

Dans ce cadre, les agences de mise en valeur, tant les administrateurs que les permanents sont à pied d’œuvre afin de déterminer les besoins et les cibles de production pour les prochaines années. Un travail difficile sans trop savoir dans quel cadre budgétaire ils devront se faire ou quelles tuiles nous tomberont sur la tête (pandémie, TBE, nerprun bourdaine).

En tant qu’économiste, je sais très bien que les besoins sont illimités et que les ressources au contraire, le sont. En ce sens, voici selon moi les éléments essentiels qui doivent apparaître dans la prochaine mouture du programme ainsi que les budgets qui y sont associés.

Le cadre de travail que nous offre actuellement le PAMVFP est un bon point de départ.  Toutefois, il est essentiel que ce cadre permette une meilleure concertation des acteurs de la forêt privée en région. Plusieurs dossiers demandent une attention particulière comme l’application de la nouvelle catégorie d’immeuble forestier, la réglementation sur l’abatage d’arbres, la réglementation sur les milieux humides, la mobilisation des bois. Ce sont tous des enjeux que les partenaires doivent prendre de front et le forum que sont les agences de mise en valeur des forêt privées est un lieu privilégié pour y arriver.

Le cadre de travail doit aussi nous permettre de faire face à la rareté de la main d’œuvre et augmenter l’efficience de nos actions. À cet effet, il est nécessaire qu’il permette de créer un climat de confiance plus fort entre les différents acteurs. Ce climat doit se traduire par une plus grande prise en charge des décisions forestières par les praticiens et une augmentation de la performance des activités de planification et de contrôle.

Nous appuyons avec force l’idée que la forêt privée puisse contribuer davantage à l’économie en fournissant plus de bois à l’industrie de la transformation. Toutefois, il faut se rendre compte que nous ne pourrons le faire que si nous avons en mains les outils financiers pour y arriver.

Actuellement, l’enveloppe de base des investissements en forêt privée stagne autour de 28,5M$ annuellement.  Rappelons qu’en 2020 à peine 8 157 producteurs ont pu bénéficier de ces programmes, un nombre bien en deçà des 18 620 producteurs desservis une décennie plus tôt.

Il a été démontré qu’il manquait minimalement 11M$ par année pour réaliser la recette sylvicole des producteurs actuellement engagés. Il est aussi démontré que pour atteindre les objectifs de mobilisation des bois, nous devrons recruter de nouveaux producteurs.

Nous sommes d’avis que le prochain budget devrait prévoir une reconduction pour une période de cinq ans du programme d’aide à la mise en valeur des forêts privées afin d’accroître la prévisibilité de l’environnement d’affaires des producteurs forestiers. Nous demandons par le fait même à ce que ce renouvellement s’accompagne d’une majoration des budgets pour atteindre 41 M$ par année puisque les budgets sont insuffisants pour répondre aux besoins actuels, qu’ils n’ont pas fait l’objet d’une indexation depuis 2010 et qu’ils s’avèrent essentiels afin d’inciter davantage de propriétaires à mettre en valeur leurs boisés afin d’y récolter des volumes de bois supplémentaires en accord avec les objectifs de mobilisation des bois à long terme en forêt privée.

<strong>TBE et espèces envahissantes</strong>

L’épidémie de tordeuse des bourgeons d’épinette et la présence d’espèces envahissantes mettent en danger les investissements consentis par l’État dans l’aménagement des forêt privées. Elles obligent les gestionnaires à mettre en place des plans spéciaux à l’extérieur des cadres usuels pour s’assurer que les bois ne seront pas perdus et que les superficies demeureront productives.

Pour y arriver, les travaux de la cellule de crise sur la TBE démontrent qu’une enveloppe supplémentaire de l’ordre de 7,8 M$ est nécessaire pour assurer la remise en production des forêts affectées. Cette enveloppe doit aussi être bonifiée pour faire face aux espèces envahissantes comme le nerprun.

Une enveloppe de 5M$ supplémentaire devrait être accordé pour bonifier les plans d’aménagement forestiers d’informations à caractère environnemental afin de répondre aux nouvelles exigences sociétales sur la conservation des milieux humides et hydriques, la préservation des habitats des espèces à statut précaire et la protection des milieux sensibles.

J’ai tenté de synthétiser les besoins des acteurs de la forêt privée pour atteindre les objectifs de mobilisation mis de l’avant par le gouvernement. Je suis d’avis que nous sommes capables de relever le défi si on nous en donne les moyens. Reste maintenant à passer de la parole aux actes.
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Mars 2024

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