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Des états généraux de la forêt devenus nécessaires

Le Forestier en chef l’a dit dans un communiqué publié au début du mois de septembre, une réflexion sur notre aménagement forestier au Québec s’impose. Nous ne pouvons plus continuer à faire de la foresterie en essayant de reproduire les forêts du passé. Les forêts d’aujourd’hui ne peuvent pas être celles d’hier et ne ressemblent pas non plus à celles de demain. Nous devons revoir nos façons de faire afin de les adapter au contexte des changements climatiques. En effet, une réflexion profonde sur nos pratiques d’aménagement forestier s’impose pour être en mesure d’établir une vision commune d’un Québec fort et fier de ses forêts résilientes et capables de fournir l’ensemble des services environnementaux, sociaux et économiques attendus par la population. C’est ce que j’appelle les « états généraux de la forêt ».

Une réflexion par et pour les intervenants du milieu
Ce n’est pas mon premier éditorial sur la nécessité de revoir le régime forestier actuel. J’en parle dans ces pages depuis mon entrée en poste comme directrice générale de la Fédération et mon prédécesseur en a parlé avant moi! Nos espérances étaient grandes lors de l’annonce de M. Legault en juillet 2020 et les déceptions n’en ont été que plus importantes lorsque nous avons constaté que la révision se réduisait à effectuer quelques modifications administratives.
Cette fois-ci, nous allons d’ores et déjà préciser que nous souhaitons la tenue d’états généraux de la forêt où tous les acteurs du milieu forestier seront conviés. La réflexion devra être faite par et pour les intervenants et viser à ajuster notre aménagement forestier à la réalité de chacune des régions du Québec.
Après tout ce qui nous est tombé sur la tête cet été, je crois que les astres sont maintenant bien alignés pour demander au gouvernement la tenue de ces états généraux de la forêt. L’ensemble des acteurs forestiers le réclame, il faudrait peut-être les écouter…

Une révision des règles d’harmonisation
Certes, il faut revoir nos pratiques afin de les adapter aux changements climatiques, mais les règles d’harmonisation doivent aussi être revues. L’harmonisation des usages a pris beaucoup d’importance dans l’actuel régime forestier et a parfois conduit à des situations intenables. Le principe d’harmonisation visait normalement à faciliter les échanges dans le but d’obtenir des compromis de tous afin de rendre la gestion forestière plus intégrée. Des structures ont alors été mises en place pour faciliter la gestion intégrée des ressources et du territoire. Cependant, compte tenu de l’importance du nombre d’acteurs maintenant impliqués dans la forêt québécoise et de la complexité de leurs intérêts, l’harmonisation paralyse de plus en plus l’activité forestière. En effet, les autres utilisateurs ont obtenu ce qui s’apparente à des droits de veto sans imputation pour l’ensemble du système. Il est impossible de mettre en œuvre la planification forestière sans consensus des autres utilisateurs, mais tous les autres utilisateurs poursuivent leurs activités, même si le consensus n’a pas été obtenu. Ce déséquilibre affecte très négativement l’approvisionnement et l’aménagement forestier et cet élément devra être adressé dans les états généraux de la forêt pour trouver une solution à cette situation devenue très difficile à gérer pour les entreprises et les travailleurs forestiers.

Une grande réflexion sur la planification
Le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) est maintenant directement impliqué dans la chaîne de production et son travail affecte grandement l’efficacité des autres acteurs économiques qui ont des intérêts privés. S’il n’accepte pas d’être imputable de ses activités, devrait-il occuper cette fonction déterminante pour la viabilité du secteur? Nous sommes d’avis qu’une réflexion s’impose sur cette situation déterminante pour la rentabilité des entreprises qui évoluent dans ce secteur d’activité. Soit le MRNF accepte d’être imputable, soit il redonne aux ingénieurs forestiers à l’emploi des entreprises d’aménagement une latitude et une responsabilité professionnelle pour leur permettre de prendre des décisions dans le cadre de leurs opérations.

Une révision et non un remplacement
Comprenez-moi bien, la Fédération ne souhaite pas faire table rase et jeter le bébé avec l’eau du bain. Nous croyons toutefois que nous nous retrouvons à la croisée des chemins et que d’importants changements s’imposent pour faire de notre foresterie un véritable véhicule de développement économique pour le Québec d’aujourd’hui et de demain. Nous sommes prêts à mettre l’épaule à la roue, et vous?
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Mars 2024

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