Des propriétaires motivés pour une forêt privée forte

Depuis quelques semaines, les discussions s’intensifient autour de la forêt privée. À travers les divers chantiers mis en place par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts, une chose devient claire : rien, ni personne, ne semble à l’abri d’une remise en question. Et c’est tant mieux. À condition, de ne pas perdre de vue les acquis construits au fil des décennies par des milliers de propriétaires et d’intervenants engagés. L’un de ces acquis : le modèle d’affaires des groupements forestiers.
Pourtant, ce modèle reste mal compris, même par ceux qui œuvrent en forêt privée. Il faut donc faire un rappel. Un groupement forestier est une organisation contrôlée par les propriétaires de boisés eux-mêmes. Ce sont eux, les membres, qui décident, qui élisent leurs représentants et qui tracent les grandes orientations. Ce sont eux qui bénéficient des services, mais aussi des retombées. Depuis les années 1970, ce modèle a été construit en partenariat avec l’État pour assurer un aménagement durable et collectif des forêts privées. Il ne s’agit pas d’une entreprise comme les autres : c’est un levier de développement régional enraciné dans la gouvernance locale.
Pourquoi des territoires exclusifs? Parce que cette approche crée un fort sentiment d’appartenance. Chez les propriétaires, elle favorise l’engagement, la confiance et la stabilité. Chez les employés, elle cultive la fidélité et la compétence. Et entre les groupements forestiers eux-mêmes, elle permet la collaboration au lieu de la compétition. Cette solidarité entre organisations facilite le partage d’outils, d’expertises et d’innovations, au bénéfice de tous les propriétaires.
Certaines déclarations entendues dans le cadre des chantiers laissent entendre que les programmes publics ne profiteraient qu’à un nombre restreint d’acteurs bien établis, restreignant ainsi la liberté de choix des propriétaires. Pourtant, la reconnaissance officielle du modèle d’affaires des groupements forestiers par le gouvernement du Québec en 2011 ne faisait que refléter une réalité déjà en place : ce modèle s’était développé de manière volontaire, rassemblant des propriétaires qui, à eux seuls, utilisaient 75 % du programme. Il est vrai qu’une part importante des enveloppes est destinée aux propriétaires regroupés au sein des groupements forestiers, des organisations collectives conçues précisément pour répondre aux besoins d’une grande diversité de propriétaires, qu’ils possèdent de petites ou de grandes superficies. Ces regroupements respectent des critères stricts (adhésion volontaire, équité d’accès, gouvernance saine, redistribution des bénéfices, etc.), assurant ainsi une planification rigoureuse, une exécution concrète et surtout, des retombées tangibles sur le terrain.
Grâce à la prévisibilité des financements, les propriétaires regroupés au sein des groupements ont pu développer des outils de pointe, offrir des services à valeur ajoutée et partager leurs innovations avec l’ensemble du réseau. Cette masse critique est essentielle. Sans elle, pas d’innovation. Sans elle, pas de relève. Et sans elle, un risque bien réel de voir l’expertise s’étioler.
Si je souligne tout cela, c’est parce que les chantiers actuels, bien qu’essentiels, brassent fort. Chaque organisation passe dans le tordeur, chaque modèle est décortiqué. Oui, cela peut générer du stress. Mais en même temps, je vois des signes porteurs : des propriétaires regroupés et des grands propriétaires qui veulent avancer ensemble, pour mieux servir la forêt privée. Il ne faut pas laisser retomber cet élan.
Il est impératif de garder unis, structurés et organisés les propriétaires forestiers actifs en aménagement durable. Pour cela, il faut miser sur trois piliers.
1. Des modèles collectifs performants, ancrés dans les régions
Les groupements soutiennent essentiellement les petits et moyens propriétaires avec des services adaptés, accessibles et gouvernés de façon démocratique. Les bénéfices reviennent aux membres, mais aussi à la collectivité. En parallèle, les grands propriétaires, plus autonomes, développent leurs propres stratégies d’aménagement, générant eux aussi des retombées économiques locales importantes.
2. Des organisations capables d’optimiser la logistique et d’accélérer la mobilisation du bois
L’approvisionnement durable passe par une planification cohérente et une intervention efficace sur le terrain. Les groupements, par leur effet de levier sur des milliers de lots, assurent cette cohérence.
3. L’innovation et le partage de connaissances
Les groupements ont développé des outils numériques, des pratiques diversifiées et ils les rendent accessibles au réseau. Leur ancrage local leur permet d’agir rapidement, de manière adaptée.
La prévisibilité est l’oxygène de la foresterie. Reconnaître le modèle des groupements forestiers, c’est offrir cette prévisibilité. C’est permettre aux organisations de planifier, de s’adapter, d’innover et surtout, de continuer à offrir des services à tous ces propriétaires que les entrepreneurs ne peuvent ou ne veulent pas desservir.
Alors non, nous ne devons jamais rien prendre pour acquis. Mais nous devons aussi reconnaître ce qui fonctionne et le renforcer. Dans un monde où tout change rapidement, miser sur la cohésion, l’ancrage local, l’expertise partagée et la gouvernance démocratique, ce n’est pas se replier sur le passé. C’est préparer activement l’avenir de nos forêts privées.
Pourtant, ce modèle reste mal compris, même par ceux qui œuvrent en forêt privée. Il faut donc faire un rappel. Un groupement forestier est une organisation contrôlée par les propriétaires de boisés eux-mêmes. Ce sont eux, les membres, qui décident, qui élisent leurs représentants et qui tracent les grandes orientations. Ce sont eux qui bénéficient des services, mais aussi des retombées. Depuis les années 1970, ce modèle a été construit en partenariat avec l’État pour assurer un aménagement durable et collectif des forêts privées. Il ne s’agit pas d’une entreprise comme les autres : c’est un levier de développement régional enraciné dans la gouvernance locale.
Pourquoi des territoires exclusifs? Parce que cette approche crée un fort sentiment d’appartenance. Chez les propriétaires, elle favorise l’engagement, la confiance et la stabilité. Chez les employés, elle cultive la fidélité et la compétence. Et entre les groupements forestiers eux-mêmes, elle permet la collaboration au lieu de la compétition. Cette solidarité entre organisations facilite le partage d’outils, d’expertises et d’innovations, au bénéfice de tous les propriétaires.
Certaines déclarations entendues dans le cadre des chantiers laissent entendre que les programmes publics ne profiteraient qu’à un nombre restreint d’acteurs bien établis, restreignant ainsi la liberté de choix des propriétaires. Pourtant, la reconnaissance officielle du modèle d’affaires des groupements forestiers par le gouvernement du Québec en 2011 ne faisait que refléter une réalité déjà en place : ce modèle s’était développé de manière volontaire, rassemblant des propriétaires qui, à eux seuls, utilisaient 75 % du programme. Il est vrai qu’une part importante des enveloppes est destinée aux propriétaires regroupés au sein des groupements forestiers, des organisations collectives conçues précisément pour répondre aux besoins d’une grande diversité de propriétaires, qu’ils possèdent de petites ou de grandes superficies. Ces regroupements respectent des critères stricts (adhésion volontaire, équité d’accès, gouvernance saine, redistribution des bénéfices, etc.), assurant ainsi une planification rigoureuse, une exécution concrète et surtout, des retombées tangibles sur le terrain.
Grâce à la prévisibilité des financements, les propriétaires regroupés au sein des groupements ont pu développer des outils de pointe, offrir des services à valeur ajoutée et partager leurs innovations avec l’ensemble du réseau. Cette masse critique est essentielle. Sans elle, pas d’innovation. Sans elle, pas de relève. Et sans elle, un risque bien réel de voir l’expertise s’étioler.
Si je souligne tout cela, c’est parce que les chantiers actuels, bien qu’essentiels, brassent fort. Chaque organisation passe dans le tordeur, chaque modèle est décortiqué. Oui, cela peut générer du stress. Mais en même temps, je vois des signes porteurs : des propriétaires regroupés et des grands propriétaires qui veulent avancer ensemble, pour mieux servir la forêt privée. Il ne faut pas laisser retomber cet élan.
Il est impératif de garder unis, structurés et organisés les propriétaires forestiers actifs en aménagement durable. Pour cela, il faut miser sur trois piliers.
1. Des modèles collectifs performants, ancrés dans les régions
Les groupements soutiennent essentiellement les petits et moyens propriétaires avec des services adaptés, accessibles et gouvernés de façon démocratique. Les bénéfices reviennent aux membres, mais aussi à la collectivité. En parallèle, les grands propriétaires, plus autonomes, développent leurs propres stratégies d’aménagement, générant eux aussi des retombées économiques locales importantes.
2. Des organisations capables d’optimiser la logistique et d’accélérer la mobilisation du bois
L’approvisionnement durable passe par une planification cohérente et une intervention efficace sur le terrain. Les groupements, par leur effet de levier sur des milliers de lots, assurent cette cohérence.
3. L’innovation et le partage de connaissances
Les groupements ont développé des outils numériques, des pratiques diversifiées et ils les rendent accessibles au réseau. Leur ancrage local leur permet d’agir rapidement, de manière adaptée.
La prévisibilité est l’oxygène de la foresterie. Reconnaître le modèle des groupements forestiers, c’est offrir cette prévisibilité. C’est permettre aux organisations de planifier, de s’adapter, d’innover et surtout, de continuer à offrir des services à tous ces propriétaires que les entrepreneurs ne peuvent ou ne veulent pas desservir.
Alors non, nous ne devons jamais rien prendre pour acquis. Mais nous devons aussi reconnaître ce qui fonctionne et le renforcer. Dans un monde où tout change rapidement, miser sur la cohésion, l’ancrage local, l’expertise partagée et la gouvernance démocratique, ce n’est pas se replier sur le passé. C’est préparer activement l’avenir de nos forêts privées.
Dernière édition
Mai-juin 2025
