Logo Le Monde Forestier Menu

En attendant le prochain

En 2022, un ancien président de la Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF) avait intitulé son éditorial ainsi « en attendant le prochain ». Cette fois-ci, je reprends ses mots, mais pour parler d’autre chose : de l’abandon du projet de loi visant principalement à moderniser le régime forestier, le PL 97.
 
Un projet de loi controversé
Selon moi, dès sa sortie ce projet de loi était voué à l’échec. En effet, dès sa présentation, on sentait que c’était impossible qu’il reçoive l’approbation de tous. Le projet, bien que présentant de nombreux objectifs louables, manquait de finesse et de profondeur. Les partenaires du secteur posaient des questions pour mieux comprendre la proposition et à de nombreuses reprises ils recevaient comme réponses : « nous ne savons pas encore, nous ne sommes pas rendus là dans nos réflexions », ou encore « nous cherchons à simplifier la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier, ce ne sera pas dans la loi, nous verrons plus tard à le définir dans les règlements. Faites-nous confiance. » Les mauvaises communications et surtout le manque de clarté de la proposition sont certainement deux erreurs à ne pas reproduire en travaillant à la prochaine proposition.
 
Faire fi du large consensus des partenaires
Dans la foulée des consultations qui ont précédé la présentation du projet de loi no 97, l’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec (OIFQ) avait organisé des rencontres de concertation pour tenter de faire ressortir un large consensus des partenaires du secteur forestier (coopératives forestières, groupements forestiers, entrepreneurs, industriels, pourvoyeurs, zecs, groupes environnementaux, centrales syndicales, etc.). La FQCF avait participé à l’exercice de concertation. À l’issue de l’exercice, une vingtaine de partenaires de divers horizons du secteur forestier québécois étaient parvenus à trouver des propositions les ralliant tous. Nous avions réussi ce tour de force de nous entendre, dans un délai très court, sur des principes auxquels nous adhérions tous. Malheureusement, de nombreux principes de cette proposition n’ont pas été retenus dans le projet de loi.
 
J’invite donc le nouveau ministre Jean-François Simard à consulter le document produit par le groupe nommé Propositions des partenaires pour l’avenir de la forêt québécoise pour développer ensemble une vision concertée février 2024 et disponible à l’adresse suivante : https://www.oifq.com/wp-content/uploads/2025/05/Avenir_foret_consensus_partenaires_2024.pdf. J’espère sincèrement que quiconque qui travaillera sur une nouvelle proposition de projet de loi pour la révision du régime forestier se basera sur ces travaux pour effectuer les changements nécessaires pour optimiser la gestion des forêts du Québec, notamment pour permettre l'adaptation aux changements climatiques, pour assurer la pérennité de la forêt et répondre aux besoins de la population d’aujourd’hui et de demain.
 
Des mesures pour aider le secteur à traverser la crise actuelle
Je ne vous apprends rien en vous disant que c’est difficile présentement dans le secteur forestier. Nous naviguons de crise en crise et lorsque nous pensons que ça ne pourrait pas aller plus mal, une nouvelle tuile nous tombe dessus. Personnellement, l’idée de la venue d’un projet de loi réformant le régime forestier et s’attaquant à de nombreuses lacunes du système actuel me donnait un peu espoir. À mon avis, il aurait été possible de prendre un peu de recul et d’écouter davantage les partenaires du secteur et revenir avec des propositions d’amendements plutôt que de jeter le bébé avec l’eau du bain, mais force est de constater qu’il est trop peu trop tard. La décision a été prise de ne pas ramener le projet de loi no 97. Nous n’aurons donc pas nouveau régime forestier avant encore plusieurs années!
 
Il ne faut toutefois pas baisser les bras. Le secteur forestier a besoin de mesures rapides et structurantes pour l’aider à traverser la crise et le gouvernement ne doit pas attendre après les élections pour agir. Les partenaires de l’OIFQ ont donc repris leurs travaux, en effectuant une analyse FFOM (Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces) afin d’en dégager des pistes pour aider le secteur à traverser la tempête à court et moyen termes. Dès que les travaux seront terminés, ces pistes seront transmises aux autorités qui, espérons-le, feront tout en leur pouvoir pour les mettre en œuvre. Nous pourrons ainsi continuer notre route en attendant le prochain.
 
Facebook Courriel

Partager

Dernière édition

Octobre 2025

Octobre 2025