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Expo-FORAC : les solutions pour la révolution forestière


 
Alliant un savant mélange de conférences de personnalités de renom permettant d’entrevoir les tendances des prochaines années en foresterie à des présentations d’étudiants sur des projets souvent surprenants et porteurs d’avenir, s’il y a un rendez-vous qu’il ne fallait pas manquer, c’était bien l’Expo-Conférence 2024 de FORAC qui s’est déroulé le 31 janvier dernier à l’Université Laval.

Dany Rousseau

DOMINIK ROESER est vice-doyen au département de la gestion des ressources forestières à l’Université de la Colombie-Britannique. Professeur et chercheur réputé originaire d’Allemagne, il a beaucoup travaillé en Finlande. Au début de sa présentation, il a évoqué les très nombreux défis auxquels l’industrie forestière de la Colombie-Britannique est confrontée et qui comprennent, entre autres, des feux de forêts qui, loin de s’apaiser, ont tendance à se répéter et à gagner en intensité d’année en année, de même que les infestations de dendroctone (mountain pine beetle) qui ont affecté d’immenses superficies. À cela, il faut également ajouter les pressions sociales grandissantes pour la préservation des forêts, de même que les Premières Nations qui exigent dorénavant et, avec raison, d’avoir leur mot à dire.
En additionnant tous ces enjeux, on pourrait avoir l’impression qu’en Colombie-Britannique, comme d’ailleurs au Québec, il ne restera bientôt plus aucun endroit où récolter du bois. Loin d’appuyer sur le bouton de panique, M. Roeser est venu dire qu’au contraire, nous avons déjà en main une bonne partie des solutions pour relever ces défis. Pour cela, il importe toutefois d’agir et ce, sans tarder.
Ainsi, il est possible de combattre les feux de forêt par une meilleure planification forestière mettant de l’avant la récolte dans des zones ciblées pour le risque d’embrasement qu’elles représentent ou d’autres mesures permettant de réduire la biomasse pouvant alimenter des feux de forêt de forte intensité. L’automatisation des processus et les progrès technologiques qui permettent de soutenir, notamment, les opérateurs de machineries dans le travail au quotidien devraient permettre de gagner encore en efficacité et de maximiser l’utilisation de la ressource. Après la digitalisation des processus entrainée par l’industrie 4.0, il est permis de penser que la prochaine étape, l’industrie 5.0 permettra de pousser encore plus loin la collaboration entre machines et êtres humains.
« Il faut se positionner comme des solutionneurs. Et je ne vois personne de mieux placé pour y arriver que tous qui sont dans cette pièce en ce moment. Nous avons les solutions pour combattre les feux, pour améliorer la foresterie en incluant les opérations à petite échelle », a-t-il lancé.
Lors de la conclusion des événements qu’il organise, le directeur de FORAC, LUC LEBEL, a pris la bonne habitude de revenir sur chaque conférence en résumant succinctement ce qu’il en avait retenu. Au sujet de la conférence du professeur Roeser, il a repris l’appel à la collaboration entre les différents acteurs impliqués dans la chaine de valeur forestière. « Il ne faut pas toujours essayer de réinventer la roue. Il est vrai que très souvent les solutions sont déjà là. Il importe toutefois de les faire connaître et de voir à les implanter, ce que passe par le partenariat », a-t-il fait valoir.

Un fan de FORAC
L’Expo-FORAC a accueilli un autre conférencier de renom en la personne de JOCELYN LESSARD, directeur général de l’Association des grands propriétaires forestiers du Québec. Auparavant directeur général de la Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF), M. Lessard s’est d’emblée positionné comme un « fan » du consortium de recherche.
« FORAC est quelque chose de formidable, a-t-il témoigné. On y retrouve des gens de toutes compétences, pas seulement des forestiers. Ils agissent comme le lubrifiant du système. Quand il y a quelque chose qui coince à quelque part, on sait qu’il y a quelqu’un qui va s’en occuper. »
De l’époque où il collaborait avec FORAC en tant que dirigeant de la FQCF, il s‘est rappelé un projet qui avait permis la cartographie des activités liées au reboisement. « Le jour où la carte a été présentée, on avait devant nous le récit de l’ensemble de la foresterie québécoise. Des nœuds, il y en avait, mais on les voyait et on pouvait donc travailler à les solutionner. »
Comme conditions gagnantes pour l’avenir. M. Lessard à lancer un plaidoyer pour accentuer encore davantage la collaboration entre tous les partenaires de FORAC afin de créer de nouvelles alliances et permettre la réalisation d’autres gains dans la chaine de valeurs.

FORAC ID
Outre ces conférences, l’Expo-FORAC a aussi permis de prendre connaissance des travaux de plusieurs étudiants et professionnels de recherche. C’est le cas d’ALEXANDRE MORNEAU et RÉMY HUOT qui ont présenté où en était la plateforme infonuagique FORAC ID. Celle-ci a été mise à l’essai dans le cadre d’un projet pilote de l’Offensive de transformation numérique (OTN) réalisé en collaboration avec Produits forestiers Résolu (PFR).
Elle permet aux gens de PFR d’avoir accès à des données provenant d’une vingtaine de machineries de récolte et ce, pratiquement en temps réel. Grâce à la plateforme FORAC ID, il est, par exemple, possible d’obtenir des rapports par secteur de coupe, par machine et par opérateur. Ce disant très content des résultats actuels du projet, M. Huot estime toutefois qu’il ne s’agit encore que d’un début. « Il y a des choses qu’on veut améliorer. Par exemple, s’il y a une machine qui se décalibre, cela peut causer des problèmes si on ne s’en rend pas compte rapidement. Pour corriger ça, on voudrait développer des rapports de calibration automatisés », propose-t-il.
M. LeBel a tenu à souligner les avancées de la plateforme FORAC ID. « C’est un travail de plusieurs années qui donne des résultats. L’outil est maintenant utilisé par des entreprises d’ici et leur permet d’obtenir des informations très utiles. »

Freinage regénératif
Parmi les autres présentations, on retrouvait celle de l’étudiant RAHUL LYER sur le freinage regénératif. De quoi s’agit-il ? Le freinage regénératif est un processus simple mis en œuvre sur les véhicules hybrides auto-rechargeables. Il permet de recharger les batteries en tirant profit de la puissance de freinage qui est autrement gaspillée. Au cours du processus de freinage regénératif, l’énergie cinétique est convertie en énergie électrique qui est ensuite renvoyée à la batterie.  
En collaboration avec FPInnovation, ce type de freinage a été mis à l’essai sur une remorque forestière sur une route allant de Mirabel à Val David. Il en est ressorti qu’effectivement, il permettait au système d’obtenir une bonne récupération d’énergie. M. Lyer se promettait d’aller encore plus loin en mettant le système à l’essai dans des réelles conditions de routes forestières.

Lidar
Depuis plusieurs années, la carte dendrométrique lidar constitue une mine d’information, notamment, pour les inventaires forestiers dans les régions plus nordiques comme l’Abitibi, le Saguenay-Lac-St-Jean. Pour les régions plus au sud, c’est toutefois une toute autre histoire en raison de la présence d’essences feuillues dites tolérantes à l’ombre qui empêchent de détecter ce qui se trouve sous le couvert forestier.
Avec les derniers progrès technologiques, serait-ce maintenant possible d’utiliser le lidar aéroporté pour créer une carte dendrométrique s’appliquant aussi au territoire du sud du Québec ? Après de multiples essais, l’étudiant DAVID NORMANDEAU en est arrivé à la conclusion que ce n’était toujours pas possible. « La précision n’est pas encore au rendez-vous. Il y a toutefois des avancées constantes. Je suis confiant qu’un jour on va y arriver en ajoutant des intrants comme par exemple, l’imagerie satellitaire », a-t-il dit.

Laurentides-Outaouais
Depuis la fermeture de l’usine Fortress de Thurso, on connait les difficultés des acteurs du secteur forestier de l’Outaouais et des Laurentides qui peinent à trouver preneur pour la transformation de leurs ressources. YANIE BÉLAND a effectué une revue de littérature colossale qui a recensé pas moins de 450 articles sur avenues de solutions qui pourraient s’appliquer aux deux régions. Son projet de plateforme collaborative multiproduits pour le réseau forestier des Laurentides-Outaouais est donc à suivre !
 
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