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Les multiples enjeux de la protection des caribous forestiers et montagnards

Le 5 novembre dernier, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, M. Pierre Dufour, annonçait la mise sur pied d’une commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards et la tenue d'une série d'audiences publiques régionales visant à connaître l'opinion des participants sur deux scénarios de gestion adaptée de l'habitat des caribous développés par son ministère. Les audiences publiques se sont tenues de la mi-avril à la mi-mai. De nombreux enjeux ont été soulevés et malgré la grande diversité des témoignages, tous s’entendaient sur l’importance de trouver des solutions adaptées pour la protection de ce grand cervidé. Loin d’être une spécialiste en la matière, j’aimerais tout de même souligner certains enjeux qui ont capté mon attention.

<strong>La protection de la biodiversité</strong>
Le principal enjeu environnemental est bien sûr la protection de la biodiversité, soit dans ce cas-ci la protection des caribous forestiers et montagnards, une espèce très vulnérable dont l’aire de distribution a fondu au cours du dernier siècle. Les attributs du caribou semblent le rendre très vulnérable par rapport aux autres cervidés qui eux profitent des changements en cours dans leur environnement pour étendre leur aire de distribution emportant avec eux des prédateurs très menaçants.

La vitalité économique des régions et l’occupation du territoire
Les mesures mises en place pour protéger le caribou pourraient avoir des effets néfastes sur la vitalité économique de certaines régions. Dans un contexte où des experts prédisent l’accroissement des municipalités dévitalisées et possiblement la fermeture de localités, cet enjeu ne peut être occulté. En effet, 70 % des municipalités du Québec sont liées au secteur forestier et 150 municipalités dépendent largement de l’activité forestière. Le cas de Sacré-Cœur, dans la région administrative de la Côte-Nord, en est un bel exemple où près de la moitié de la garantie d’approvisionnement de l’usine faisant vivre une grande partie de sa population est menacée d’être enlevée. 

S’il devenait nécessaire de limiter le volume de prélèvement forestier dans certaines régions, il faudra absolument s’assurer d’équilibrer les choses en redirigeant une partie des approvisionnements des usines non affectées vers celles qui perdront le plus. Je laisse aux experts le soin de déterminer s’il y a nécessité de limiter l’activité forestière et dans quelles régions. Je pense toutefois que dans un souci d’équité et de justice sociale, nous ne pouvons pas fermer les yeux sur les impacts que pourraient avoir certaines mesures de protection sur ces gens enracinés dans nos régions. Nous ne pouvons ignorer la possible dévitalisation de certains villages qui risqueront d’atteindre le point de bascule quand les services s’amenuiseront trop et que ceux qui résistaient décideront de partir. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, les pertes d’emplois peuvent sembler beaucoup moins préoccupantes qu’auparavant si on fait l’erreur de les compter en nombre absolu. Un lien direct doit effectivement être fait entre les pertes d’emplois, le territoire auquel elles appartiennent et la vitalité des communautés. 

<strong>Acquisition et partage des connaissances</strong>
L’enjeu de connaissance est selon moi terriblement important. Tous les acteurs liés à ce dossier de protection des caribous forestiers et montagnards doivent avoir accès à une information fiable et reconnue. Sinon, comment sera-t-il possible de parvenir à des solutions réellement efficaces? La science devra guider les décisions. Il faudra parvenir à mettre de côté nos susceptibilités, à analyser la situation de façon objective et à recentrer le débat sur des bases scientifiques, et ce, pour l’ensemble des parties concernées.

<strong>Des solutions?</strong>
Comme je l’ai dit plus tôt, je ne suis pas une spécialiste des caribous. Je ne m’avancerai donc pas sur la meilleure façon de parvenir à protéger cette espèce menacée. Je laisse cela aux spécialistes. Je pense toutefois qu’une partie de la solution à long terme réside dans l’investissement en sylviculture, ce qui permettait d’augmenter la possibilité forestière, de rencontrer nos cibles de réduction de gaz à effet de serre et d’avoir plus de marge de manœuvre pour dédier certaines parties du territoire à la protection en limitant les impacts sur la possibilité forestière globale.

Je nous souhaite de parvenir à être ouverts, réalistes et créatifs dans la recherche de la meilleure solution pour assurer la survie de ce grand cervidé.
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Mars 2024

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