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Les partis prennent position sur les enjeux forestiers

Révision du régime forestier, imputabilité du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), sylviculture, forêt privée, main-d’œuvre, caribous, de même que soutien aux régions et aux entreprises collectives, la Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF) et Groupements forestiers Québec (GFQ) ont fait parvenir sept questions aux principaux partis politiques en vue de l’élection du 3 octobre prochain. Résultat : plusieurs engagements et des réponses qui devraient aider les membres des deux organisations et les lecteurs du journal Le Monde Forestier à faire un choix éclairé!

Sachant venir l’échéance électorale de l’automne, la FQCF et GFQ ont travaillé conjointement à l’élaboration d’une série de questions qu’ils ont acheminées aux principaux partis politiques juste avant les vacances de la construction, soit le 20 juillet dernier. L’objectif est bien sûr de connaître leurs positions sur les principaux enjeux qui concernent la foresterie, mais aussi de les amener à se commettre.

Quatre des cinq principaux partis, soit la Coalition avenir Québec (CAQ), le Parti libéral du Québec (PLQ), Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ), ont accepté de se plier à l’exercice et fourni des réponses à l’ensemble des questions. Il est à noter que plusieurs tentatives ont été effectuées auprès du Parti conservateur du Québec, mais qu’aucune réponse n’a été obtenue.

Régime forestier révisé?
La première question concerne le régime forestier adopté en 2013 et qui a eu pour conséquences, entre autres, de réduire la prévisibilité des entreprises et d’être source d’insécurité pour les travailleurs. Les partis sont-ils prêts à s’engager à une refonte? Les partis actuellement dans l’opposition ont tous répondu par l’affirmative. Pour un, le PLQ s’engage à «revoir le régime forestier qui n’a pas produit les effets escomptés. Nous le ferons en collaboration avec les acteurs du milieu. Un projet de loi sera déposé d’ici la fin 2024 pour y arriver», peut-on lire.
QS propose de mettre en place un « nouveau contrat social encadrant l’exploitation et la transformation des ressources naturelles, y compris une modernisation du régime forestier ». Une première étape devrait toutefois avoir lieu avant de mener cette réforme, soit une large consultation auprès des nations autochtones, des municipalités, des citoyens, des travailleurs, des experts ainsi que des acteurs du secteur forestier. Affirmant que « les allégations qui s’accumulent concernant la gestion des forêts publiques deviennent insoutenables », le PQ s’engage aussi à réformer le régime forestier s’il est élu le 3 octobre.
De son côté, la CAQ souligne que le gouvernement à tout récemment complété la mise en place de sa Stratégie nationale de production de bois, en plus de procéder à une révision ciblée du régime. « Nous sommes en ce moment en train d’évaluer les retombées de la révision ciblée. Nous n’excluons pas d’autres actions supplémentaires, car nous voulons continuer d’améliorer le régime forestier.»

Imputabilité du MFFP
En lui confiant d’importantes responsabilités de planification, le régime forestier a fait du MFFP un acteur directement impliqué dans la chaîne de production en aménagement forestier. Les différents partis sont-ils d’avis que, comme les autres acteurs de la chaîne, le MFFP devrait être imputable de ses décisions?
À cette question, la Coalition avenir Québec défend le ministère qui, selon lui, s’assure de prendre les moyens nécessaires afin de minimiser les impacts des décisions sur les différentes parties prenantes, tout en ajoutant que « notre parti est toujours disposé à faire plus, faire mieux. »
Le Parti libéral indique que l’imputabilité est au cœur de sa vision concernant la gouvernance et que le MFFP n’y échappe pas. Ainsi, il est primordial pour lui d’augmenter la prévisibilité des travaux sylvicoles. «Nous prônons une décentralisation des décisions afin que celles-ci soient adaptées à la réalité des régions du Québec. Cela implique une augmentation de la coordination et de la consultation avec l’industrie et les partenaires du milieu, dans une approche d’écoute proactive. »

Pour le PQ, le MFFP est un ministère dysfonctionnel qui ignore les grands principes du développement durable. «Le Parti québécois est d’avis que le MFFP doit être scindé et qu’un ministère uniquement consacré à la forêt doit être mis en place. »
Enfin, Québec solidaire croit que tous les ministères doivent être imputables de leurs décisions. Ainsi, le parti verra à ramener la gouvernance locale et développera des mécanismes de reddition de comptes et de participation citoyenne dans les lieux décisionnels.

Sylviculture
GFQ et la FQCF ont interrogé les partis sur leur vision de la sylviculture, à savoir si celle-ci pouvait jouer un rôle plus important dans la lutte aux changements climatiques. À cette question, le PQ répond que la sylviculture n’est pas gérée de manière efficace et qu’il augmentera intégralement les budgets pour les travaux dans ce domaine.
Le PLQ exprime pour sa part sa conviction que la sylviculture est un pilier en ce qui concerne la lutte aux changements climatiques que «nous pouvons et devons faire plus ! » Quant à la CAQ, elle convient que la sylviculture et l’aménagement forestier peuvent être contributifs à la lutte aux changements climatiques, ajoutant qu’elle verra à utiliser tous les outils à sa disposition pour faire de la réduction de GES l’affaire de tous les ministères.
La réponse de QS diffère grandement de celle des autres partis. Celui-ci n’exprime en effet aucune profession de foi quant à l’importance de la plantation d’arbres dans la lutte aux changements climatiques, se bornant à dire qu’il favorisera l’utilisation du bois dans les constructions.

Forêt privée
Les partis ont également été questionnés quant à leur vision de la forêt privée. La CAQ fait valoir avoir déjà posé plusieurs gestes en faveur des producteurs privés, dont la création de la catégorie des immeubles forestiers, l’allongement de la période d’étalement du revenu qui passe de 7 à 10 ans ou encore la modification sur le remboursement de la taxe foncière par l’abolition du seuil minimal. « Ceci est le résultat de l’écoute des intervenants de la forêt privée et c’est cette approche qui sera encore mise de l’avant», écrit le parti.
Le PLQ, reconnaît les forêts privées comme une des composantes importantes de l’industrie forestière, ajoutant croire en la nécessité de diversifier les programmes et de procéder à l’adéquation des programmes existants. Quant à QS et au PQ, ils parlent de favoriser la contribution de la forêt privée québécoise dans les constructions en bois.

Main-d’œuvre
Comme on le sait, le secteur forestier doit composer avec une grave pénurie de main-d’œuvre. Pour faire face à cette situation qui affecte pratiquement l’ensemble de l’économie, les partis proposent tous une série de mesures, dont peu sont toutefois spécifiques au secteur forestier. La CAQ souligne, notamment, avoir mis en place une initiative de soutien à la modernisation technologique de l’industrie, les entreprises sylvicoles devant pouvoir avoir accès à cette initiative.
Le PLQ souhaite faire en sorte que les travailleurs expérimentés demeurent plus longtemps sur le marché du travail, notamment, en doublant l’exemption d’impôt pour les personnes de 65 ans et plus pour la faire passer à 30 000 $. Il entend aussi miser sur l’immigration en permettant à 70 000 personnes immigrantes de venir s’établir au Québec en 2023. QS prévoit créer un fonds de requalification de la main-d’œuvre afin d’aider les travailleurs des industries polluantes, dont le secteur pétrochimique à se trouver un emploi vert. Le PQ promet de tenir un sommet sur la pénurie, en plus de régionaliser au moins 50 % de l’immigration.

Entreprises collectives et régions
La FQCF et GFQ ont également interrogé les partis sur leur vision des entreprises collectives comme les groupements et les coopératives forestières, ainsi que le développement des régions.
Parmi les réponses obtenues, signalons celle de QS faisant valoir qu’il soutiendra les PME et les coopératives régionales par la création de centres de distribution locaux facilitant la mise en marché et la distribution des biens et produits locaux, y compris les produits du secteur forestier. Pour sa part, la CAQ indique qu’un nouveau modèle d’octroi de contrats sera mis en place en forêt publique à compter du 1er avril prochain. «Nous sommes confiants que ce nouveau modèle répondra aux besoins de prévisibilité des entreprises concernées. »

Caribous
Enfin, des questions ont été posées aux partis dans le dossier très d’actualité de la préservation des caribous montagnards et forestiers. La CAQ souligne qu’une commission indépendante a été mise sur pied et que les résultats de son rapport viennent tout juste d’être déposés. « Nous avons toujours affirmé notre volonté de protéger l’espèce, tout comme le dynamisme économique des régions concernées. À cet effet, une analyse approfondie du rapport doit être effectuée et une stratégie qui tiendra compte de l’ensemble des enjeux sera déposée en 2023. »
Fustigeant la position de la CAQ qui, selon lui, a raté plusieurs occasions d’agir pour préserver les caribous, le PLQ souligne l’importance de trouver un équilibre entre les niveaux de récoltes de l’industrie forestière et les impacts sur la biodiversité, dont le caribou.

Le PQ propose d’augmenter le nombre d’aires protégées et d’établir des corridors écologiques. Il ajoute cependant que ses actions en matière d’environnement suivront toutes le principe de la transition juste, selon lequel les actions environnementales doivent être aussi équitables et inclusives, cela incluant de « créer des possibilités de travail décentes et de ne laisser personne de côté ».
Enfin, Québec solidaire prend très clairement position en faveur de la préservation des caribous en s’engageant à ce qu’un 30 % représentatif du territoire québécois et de sa diversité écologique soit protégé d’ici 2030, particulièrement dans le sud du Québec.
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