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Toujours en avant de la parade

Les trois axes du développement durable ont toujours été mis en application par les groupements forestiers avant même que le terme n’ait été défini.
Sociologique : par la force des choses ou pour répondre aux recommandations du Bureau d'aménagement de l'est du Québec, nous nous sommes pris en main et avons créé des organisations collectives afin de sauver nos communautés de la fermeture et avons occupé le territoire créant du même coup un sentiment d’appartenance.
Économique : dans un premier temps, nous avons assuré la viabilité des personnes habitant le territoire en créant de l’emploi en région, en créant de la richesse non seulement en région, mais aussi dans l’ensemble du Québec et en étant à l’origine de la politique de mobilisations des bois.
Environnemental : nos pratiques d’aménagement forestier ont respecté la biodiversité. Étant propriétaires d’un patrimoine naturel, nous avons su en sauvegarder tout le potentiel pour pouvoir en jouir de génération en génération et nous voulons léguer cet actif à notre descendance.
Dans cet éditorial, j’ai décidé de mettre l’emphase sur l’économie, puisque les dernières hausses du taux directeur de la Banque du Canada font encore jaser. Depuis janvier de 2022, nous assistons à une augmentation des prix des biens et services se traduisant par un taux d’inflation plus élevé que ce à quoi nous étions habitués depuis trois décennies. Avant de poursuivre, juste un rappel concernant les causes de l’inflation. Il peut s’agir soit d’une hausse de la demande, soit d’une baisse de l’offre ou encore une combinaison des deux, ce qui est le cas présentement.
L’augmentation de la demande n’est certainement pas une surprise. Beaucoup d’argent public a été investi, à juste titre, dans l’économie en période pandémique afin de soutenir cette demande. À cela, il faut ajouter l’épargne accumulée des ménages pendant cette même période qui s’est traduite par une reprise de la consommation supérieure à l’avant-pandémie.
À présent, parlons de la baisse de l’offre, c’est-à-dire de la production de ces mêmes biens et services. C’est à ce niveau où la problématique de l’inflation que nous vivons présentement sera plus difficile à combattre.
Cette déficience de l’offre s’explique par différents facteurs internes et externes à nos frontières. Encore une fois, l’élément déclencheur est la pandémie qui a entrainé le resserrement de la libre circulation des personnes et des marchandises, le ralentissement de la production, de même que la baisse de service due à l’absentéisme de la main-d’œuvre causant même la fermeture de plusieurs usines ou commerces de biens et services. D’autre part, face à la baisse des cours du pétrole, d’avant la pandémie, l’Organisation des pays producteurs de pétrole avait décidé de réduire la production journalière de plusieurs milliers de barils, provoquant ainsi une baisse de l’offre afin de faire grimper les prix. Nous savons que le pétrole, outre l’impact direct sur le prix du transport des marchandises et des personnes, est encore un intrant utilisé dans la production de beaucoup de produits, créant ainsi un effet domino sur le prix de ces derniers.
À cela s’ajoute, pour certains endroits comme le Canada et le Québec, la rareté des ressources humaines. Je n’ai pas besoin de vous le démontrer, bien entendu cette rareté entraîne une augmentation des salaires. Les ressources humaines étant un intrant très important dans la production de biens et services, cela ajoute une pression supplémentaire à la hausse sur les prix.
Parmi la gamme d’outils de la politique monétaire, le plus utilisé lors des derniers épisodes d’inflation est la hausse du taux directeur de la Banque du Canada, se traduisant par une hausse du taux d’intérêt sur les emprunts des ménages et des entreprises.
Certes, il y aura un impact sur la demande de prêts, s’acheter une maison, une auto et autres coûtera plus cher et engendrera une baisse de la demande dans ces secteurs, mais aura aussi un impact négatif sur la santé financière des ménages devant renouveler leurs hypothèques. De même, le coût d’emprunt des entreprises augmentera, retardant ainsi des projets d’investissement. Ce report des investissements tue dans l’œuf les possibilités d’augmentation de l’offre au moment où l’économie en a le plus besoin.
Oui, la demande fléchira et l’inflation diminuera, mais les effets du remède créeront une situation idéale pour engendrer une récession et ce sont les personnes les plus démunies qui en paieront le prix.
<strong>Y a-t-il une autre solution ?</strong>
Oui, mais elle est contre-intuitive (en ce temps d’inflation), par une politique fiscale agressive, des crédits d’impôt à l’investissement et de l’aide financière incitant les entreprises à investir dans des projets ayant pour but l’augmentation de la production et/ou de la productivité.
La politique monétaire relève du fédéral, via la Banque du Canada, cependant les politiques fiscales sont de compétences fédérale et provinciale.
Nous voyons donc d’un bon œil le canal que semble prendre l’investissement de l’État (canadien et québécois) en forêt pour lutter contre les changements climatiques et favoriser l’innovation. Nous y sommes déjà avec le projet d’offensive de transition numérique des groupements forestiers et nous accueillerions volontiers une hausse des budgets d’aménagement en forêt privée afin de favoriser l’atteinte de cibles gouvernementales comme celles de la Stratégie nationale de production de bois. Le gouvernement du Québec déposera le 21 mars prochain le budget du Québec pour l’année 2023-2024 et nous serons en mesure d’évaluer si les propositions de GFQ pour stimuler la production auront été retenues.
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Mars 2024

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