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Un début de saison empreint d’incertitude

À l’aube des premiers coups de plantoirs des reboiseurs, des premiers échos de débroussailleuses dégageant les terrains et du retour des scies à chaîne et de la machinerie forestière en forêt après le dégel, les entreprises peinent encore une fois à savoir ce qui les attend. Elles sont en quelque sorte contraintes à naviguer à l’aveugle en espérant parvenir au port sans trop de dommages. Visiblement, la prévisibilité ne s’est guère améliorée.

<strong>Budget Covid non confirmé</strong>

En avril ne te découvre pas d’un fil… ni de ton masque!  Le début de la saison des différents travaux commencera très bientôt.  Et il semble que la Covid nous accompagnera encore quelques mois.  L’année dernière le MFFP avait été très actif pour faire reconnaître toute la filiale forestière comme service prioritaire et cela nous avait permis de poursuivre nos opérations.  Il avait également mis en place des budgets spéciaux pour soutenir le déploiement des mesures sanitaires imposées pour limiter la propagation du virus.  Cette année, même si notre reconnaissance de service prioritaire ne semble pas remise en question, aucune confirmation de budget « Covid » n’a encore été reçue.

<strong>Produire plus de plants avec moins</strong>

Pendant que tout est sur pause en forêt en raison du dégel, les pépinières forestières s’activent pour débuter leur saison. Cette année toutefois, la saison commence avec un goût amer, et dans la plus grande incompréhension. En effet, à l’annonce du budget provincial 2021-2022, les 12 pépinières forestières privées du Québec ont appris qu’elles devraient produire plus de plants mais avec moins de moyens, car le ministère a décidé de réserver à son réseau de pépinières publiques les 20 M$ prévus au budget pour les deux prochaines années. Dans le texte soutenant l’annonce de ces montants, le gouvernement affirme que les pépinières auront à jouer un rôle majeur dans l’atteinte des objectifs de la Stratégie nationale de production de bois. Mais ce même gouvernement oublie-t-il que le réseau des pépinières privées produit environ 70 % des plants destinés au reboisement pour la province?

Pour ajouter à leur malheur, le principal outil des pépinières forestières de ces quatre dernières années ayant servi à s’attaquer à la désuétude de leurs équipements, soit le Programme de modernisation des infrastructures en pépinière forestière (PMIPF), ne sera pas reconduit. Ce programme avait été utilisé par les pépinières publiques et privées pour remplacer les équipements devenus trop vieux et elles espéraient pouvoir bénéficier d’une autre phase du programme pour entamer une certaine modernisation et répondre à la demande croissante de plants du ministère. En effet, avec la demande du Fédéral de reboiser 2 milliards d’arbres sur 10 ans en sol canadien et les cibles de la Stratégie nationale de production de bois, les pépinières forestières auront du pain sur la planche pour parvenir à produire tous les plants nécessaires. Il semblerait que seules les pépinières forestières publiques auront les moyens de le faire. Mais que se cache-t-il derrière cette étrange décision?

<strong>Jouer sans connaître les règles en sylviculture</strong>

En sylviculture, le manque de prévisibilité semble avoir fait naître de nouveaux comportements lors de la première vague d’appels d’offres (AO).  Cela doit assurément être en lien avec le recalcul des historiques des ententes de réalisation de travaux sylvicoles (ERTS).  Même si nos participations aux AO devaient être un intrant dans le fameux recalcul depuis la mise en place des ERTS, son implication n’a été réelle que par son imposition en février dernier.  Je réitère que nous ne sommes pas contre le recalcul des historiques des ERTS. Nous y avions d’ailleurs consentis lors des travaux préalables à la mise en œuvre du nouveau régime forestier de 2013. Nous déplorons toutefois la méthode utilisée, qui est le fruit « amer » d’un travail effectué par le MFFP et imposé aux entreprises sylvicoles.

Nous voilà donc face à la possibilité d’accroître la valeur de nos ERTS en remportant des AO. Pour nous assurer d’y parvenir il faut toutefois soumissionner très bas, et ce, peut-être même au détriment de la rentabilité du contrat.  Qu’à cela ne tienne, l’important est la valeur de l’ERTS, non?

Le problème est que le recalcul est valide que pour la saison qui s’amorce, soit 2021-2022.  La valeur des historiques des ERTS pour 2022-2023 sera établie avec une autre méthode qui, elle, selon un engagement du MFFP, est à définir.  Donc remporter des AO aura certes un impact, mais lequel?  Et quel sera l’impact des AO remportés à des prix très bas quand la transposition de ces prix dans la mise à jour annuelle de la grille de taux se concrétisera à son tour? Nous voilà contraints à jouer à un jeu sans en connaître les objectifs, ni les règles. Pas facile d’y gagner!

Les entreprises forestières ont besoin de prévisibilité pour continuer leurs activités. Espérons que notre message soit entendu.
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Mars 2024

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