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Un exemple à suivre en matière de sécurité

Adaptation de ses locaux, transport, hébergement, la Société sylvicole de la Haute-Gatineau a vu à prendre toutes les mesures qui s’imposaient pour assurer la sécurité des travailleurs à la suite de la déclaration de l’urgence sanitaire le 15 mars dernier.

Par Élise Leclerc

« La pandémie a changé nos façons de travailler du tout au tout », explique Michel Thibault, adjoint au directeur de la Société Sylvicole de la Haute-Gatineau, laquelle a son siège à Messines, près de Maniwaki. Le groupement forestier, qui exerce des activités en forêt privée et publique depuis plus de quarante ans, compte dans son équipe des ouvriers sylvicoles, des abatteurs manuels, des techniciens et technologues forestiers ainsi que des ingénieurs forestiers. M. Thibault explique que l’objectif principal de la société est depuis deux mois « de protéger les travailleurs, se conformer aux plus hauts standards de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et de démarrer leurs opérations à la date prévue ».

Pour ce faire, dès la fermeture des entreprises le 23 mars dernier, la SSHG s’est empressée de réagir et a aussitôt créé un comité de gestion composé de trois personnes pour préparer un plan de lutte à la Covid-19. Et depuis le début avril, elle s’affaire à analyser les risques de la pandémie pour les opérations de reboisement des forêts publiques et privées, tout en suivant les recommandations de l’INSPQ. La société a aussi communiqué avec le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs ainsi que Rexforet, responsable de l’aménagement forestier durable des forêts publiques, pour discuter du contexte actuel particulier et de leurs besoins réciproques pour continuer à opérer de façon sécuritaire. En outre, la SSHG a été invitée à participer au comité de travail sur le Plan de lutte contre les pandémies, lequel est piloté par ForêtCompétences et Formabois.

« Ce qui nous affecte surtout, c’est au niveau de l’hébergement des travailleurs », explique M. Thibault. En effet, la société a dû adapter ses mesures pour limiter à une occupation simple chaque chambre. « On a dû louer des chalets à proximité, ce qui occasionne des frais supplémentaires », poursuit-il. La cuisine de leur maison de ferme et la cuisinière ont été isolées dans une roulotte nouvellement achetée pour éviter les contacts. Pour ce qui est des repas, un chapiteau extérieur mobile a été installé pour permettre aux travailleurs de conserver une distance de deux mètres entre chacun. De plus, les travailleurs sont encouragés à rester sur place la fin de semaine afin d’ainsi éviter les déplacements entre régions. Un vestiaire a aussi été aménagé pour accueillir les travailleurs après leur journée de travail.

Côté transport, deux camions ont été achetés pour limiter les contacts et des cloisons semi-rigides ont été aménagées dans chacun pour séparer les travailleurs forestiers. Des trousses de désinfection individuelles ont été mises à la disposition de ces derniers. Ces trousses doivent être traînées partout ; chaque travailleur s’en sert pour nettoyer les surfaces de travail avec lesquelles ils ont été en contact. De plus, un nettoyage systémique des mains est obligatoire avant d’entrer dans les camions sur les chantiers. Quant aux équipes de travail de bureau, le tiers des travailleurs ont arrêté, un autre tiers est en télétravail actuellement et les autres poursuivent leurs activités au bureau en respectant les consignes de distanciation.

Par ailleurs, un employé supplémentaire a été embauché pour se joindre à l’équipe de livraison de plants et deux autres travailleurs ont été affectés au chargement des remorques à plants et à la manutention des arbres et cassettes vides « pour éviter que les reboiseurs entrent en contact avec les cassettes d’autres en faisant du travail à la chaîne ».

« Le côté positif, explique M. Thibault, est qu’on terminait nos opérations au niveau de l’exploitation quand le confinement a commencé. » À l’heure actuelle, ce que la SSHG espère, c’est que ses travailleurs travaillent dans des conditions sécuritaires. Grâce à nos mesures, explique-t-il, « on sent qu’on est en train d’écrire l’histoire ».

Sur le plan financier, ces mesures ont engendré des frais supplémentaires d’importance : entre autres frais, plus de 17 000 $ ont été nécessaires pour l’achat des camions et des modifications qui ont été apportées à chacun, plus de 30 000 $ pour l’hébergement (les roulottes, la location de chalets, l’achat de deux chapiteaux pour les repas et les modifications apportées au niveau des camps forestiers, entre autres), et plus de 6 000 $ pour des produits servant à la désinfection. Enfin, l’aménagement des espaces de bureau et du garage a nécessité un investissement supplémentaire de plus de 4 000 $.

M. Thibault se dit confiant et positif malgré la pandémie. « Ce qui nous intéresse, c’est traverser la crise en améliorant nos techniques, nos opérations et en protégeant nos travailleurs », affirme-t-il. Parallèlement, la SSHG souhaite la signature des contrats avec les transporteurs. « Pour garder notre monde à l’emploi, on veut intégrer des travaux. » De plus, la SSHG espère que les milliers de dollars en frais imprévus causés par la Covid-19 puissent être récupérés grâce à un taux sur les traitements sylvicoles en forêt privée fixé par le Bureau de la mise en Marché des bois qui leur permettrait de contrer les répercussions financières de l’épidémie qui sévit.
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