Au moment d’écrire ces lignes, nous sommes à quelques jours des élections municipales. Une grande nouvelle me direz-vous? En quelque sorte, pour moi, oui. Ces élections marqueront la fin de mon aventure en politique municipale. Après 28 années, dont douze à titre de maire de Ville Saint-Pascal, j’ai décidé de passer le flambeau.

J’ai investi temps et efforts dans mes fonctions afin de faire progresser ma communauté du mieux de mes capacités. J’ai tenté de faire en sorte que l’environnement, de même quele développement économique et social puissent cohabiter de manière constructive et servir les intérêts de tous.

Évidemment, durant ce long périple, je ne suis jamais demeuré très loin de mes racines : la forêt. Mes fonctions municipales m’ont amené à servir à l’agence de mise en valeur. J’ai aussi eu la chance de participer aux comités forestiers provinciaux des deux unions municipales. J’ai toujours profité de l’occasion pour rappeler l’importance de la forêt privée dans le développement des communautés forestières. Je vais profiter de cette page et des quelques jours qui me restent en tant que maire pour m’adresser, encore une fois, à mes collègues du monde municipal.

En effet, depuis 1995, année du Sommet sur la forêt privée, il y a eu beaucoup de chemin parcouru. Si vous vous rappelez bien, un des enjeux majeurs de cette rencontre consistait à mettre en place des moyens pour contrôler l’impact dévastateur des <em>pilleurs de lots</em> sur le patrimoine forestier en forêt privée.

La solution retenue avait été de demander aux municipalités de mettre en place une réglementation sur l’abatage d’arbres en forêt privée. Ce défi a été relevé et les municipalités ont, à toutes fins pratiques, éradiqué cette pratique douteuse. C’est donc la preuve que le monde municipal est en mesure d’influencer le développement de la forêt privée.

Si je me permets de rappeler cet enjeu, c’est que l’implication du monde municipal est actuellement nécessaire sur deux dossiers fort importants. Encore ici, l’occasion est belle pour les municipalités de donner un coup de pouce au développement social, environnemental et économique de leur communauté.

<strong>Réglementation sur les milieux humides</strong>

La protection des milieux humides est un enjeu que je partage profondément. À cet égard, nous participons avec plusieurs partenaires fauniques pour en assurer la protection. Le ministère de l’Environnement a mis en place une nouvelle réglementation qui avait deux objectifs. Le premier vise à mieux protéger les milieux humides et le deuxième à rendre l’application de la règlementation plus facile.

Des règles ont été développées en collaboration avec les diverses parties prenantes et proposées au monde municipal. Il appartiendra à ces derniers de les accepter ou d’en identifier de nouvelles. C’est ici que j’interpelle mes collègues municipaux.

Je ne vous dirai pas quoi faire ni quoi adopter. Toutefois, je vous rappellerai qu’il y a une très grande distinction entre le déboisement et l’aménagement forestier. Retirer la vocation d’une forêt pour en faire, par exemple, un stationnement est très différent que de réaliser un plan d’aménagement forestier supervisé par un professionnel. À cet effet, le ministère de l’Environnement a retenu avec raison qu’en forêt privée l’aménagement professionnel n’était pas un danger pour les milieux humides, mais plutôt un outil pour les protéger. Pensez-y lorsque vous travaillerez sur vos propres règles de protection des milieux humides!

<strong>Le développement économique</strong>

La présence de l’industrie forestière dans nos municipalités est très importante.  L’ouverture ou la fermeture d’une usine de transformation change le portrait de notre région de manière importante. Il est normal de voir la classe politique municipale prendre la défense de cette industrie essentielle en demandant au gouvernement d’assurer l’approvisionnement de ces unités de productions.

Je me permets de rappeler que le principal bassin de ressources qui demeure disponible est celui de la forêt privée et que le monde municipal a les moyens de favoriser son exploitation durable.

En effet, l’accumulation de règles disparates n’aide pas à favoriser le travail d’aménagement ni à diminuer les coûts. Mais depuis peu, l’État a donné le pouvoir aux municipalités d’ajuster le taux de taxations pour les immeubles forestiers afin de favoriser le développement de cette filière et augmenter les livraisons aux usines. Si nous sommes vraiment sérieux dans nos demandes de stabiliser les approvisionnements des usines de transformations, nous n’hésiterons pas à favoriser l’aménagement forestier sur le territoire de nos municipalités.

<strong>Le mot de la fin</strong>

C’est pas mal ici que mon parcours de politicien municipal s’achève. Je n’ai que de bons mots pour le travail dévoué de mes collègues et des différents employés que j’ai côtoyés au fil des ans. Je continuerai à militer pour la forêt privée et j’espère que mon passage dans cet univers aura permis aux élus de comprendre qu’ils ont véritablement un impact sur le développement de la filière forestière.